Allez, je reprends du service avec une petite chronique lecture bien craquante ! Le Prieuré de l’Oranger de Samantha Shannon !
Une belle découverte fantasy que je conseille à tous les amateurs du genre. Je n’avais pas été conquise ainsi par un roman de ce genre depuis longtemps !
Un monde fascinant, des personnages attachants, une intrigue très bien construite. L’autrice réussit à dépoussiérer le genre en y intégrant pourtant peu d’éléments nouveaux. Tout est là : les dragons, la magie, les rivalités entre royaumes… on pourrait s’attendre à du vu revu trivu. Et pourtant… Il n’y a pas qu’en pâtisserie que le résultat final peut être totalement différent selon la manière dont on a utilisé et dosé les
ingrédients. Pas de longueurs, pas d’ennui, un véritable page turner qui nous plonge dans un monde imaginaire sans incohérence à la hauteur des meilleures œuvres du genre.
L’originalité est apportée par touches discrètes au début puis de plus en plus marquées. Les personnages principaux sont presque tous féminins et l’action est menée exclusivement par des figures féminines hors du commun. L’autrice prend le parti d’intégrer des relations amoureuses homosexuelles dans l’histoire, ce qui est surprenant et novateur dans ce genre mais qui ne m’a pas semblé apporter quelque chose de plus à l’histoire. On ne sait pas vraiment si ces relations sont condamnés bien que le « Saint » n’y soit pas favorable. On ne sait comment sont punies ces amours homosexuelles. J’ai un peu regretté que l’histoire soit si courte. Un développement sous forme de saga aurait donné plus de profondeur aux personnages et les aurait rendus plus attachants dans la lignée de ceux de Robin Hobb. Toutefois, cela n’enlève rien aux qualités de l’œuvre.
Autre point que j’ai fort apprécié : les dragons ne sont pas du côté des bons ou du côté des méchants comme dans les oeuvres clichés du genre. Ici ce n’est pas si tranché, ce sont des dieux, il y en a de bons et de mauvais. Une belle manière de revisiter le genre qui aurait sûrement gagné à être développée davantage…
En revanche, la fin constitue un gros point noir pour moi : elle m’a parue vraiment bâclée Pas du point de vue de l’écriture
mais de l’action qui va trop vite, et après laquelle on se retrouve endormi par une situation finale traînante et ennuyeuse. Comme si prise de remords de nous avoir jeté la bataille finale en pleine figure en quelques pages, l’autrice essayait de se rattraper. En tant qu’autrice moi-même, je sais ce que c’est d’en avoir assez et d’être pressée d’arriver au bout d’un texte. Mais malheureusement, si le lecteur le ressent c’est à mon sens un échec.
Samantha Shannon signe tout de même un dyptique de fantasy très réussi auquel on peut espérer lire un jour une suite, comme semble le suggérer la fin ouverte du roman.
Pitaboum 